• Cohen

    Marche triomphale de l'amour. Ces buissons étaient enthousiasmants, et cette gendarmerie aussi, et cette autre vache qui léchait son veau à larges coups de truelle. Cette forêt était troublante, et ce vallon amical, et tout était enthousiasmant, elle surtout. "Je suis admirable", dit-elle, alla plus vite encore.


    Marche triomphale de l'amour. Oui, admirable puisqu'il l'avait élue entre toutes les femmes, élue au premier battement des longs cils recourbés, lui, le plus beau et le plus fou, ô merveille de son déguisement en vieillard, le plus désespéré, ô ses paroles du soir du Ritz, flèches de méchante vérité, le plus aimant pourtant, le plus triste, ô ses yeux, le plus rieur, ô ses lèvres, le plus méprisant et le plus tendre, le plus seul, un roi sans peuple.

    Marche triomphale de l'amour. Oui, oui, admirable. Insolence ? Eh bien, c'était un jour d'insolence. Il n'y avait que les laides pour être modestes. Oui, crier à la première femme qui passerait ! Mes dents sont parfaites, lui crier ! Ose montrer les tiennes, lui crier, et ose me montrer celui que tu aimes, lui crier, si tu oses n'en avoir pas honte ! Un coq éraillé apostropha au loin, et elle s'arrêta, se demande s'il arrivait aux poules d'éternuer, eut un rire parce qu'elle aimait, et elle reprit sa marche.

    [...]
    Marche triomphale de l'amour. Auguste, elle allait mue par l'amour comme autrefois ses sœurs des temps anciens, innombrables dormant du sommeil de la terre, allait, immortelle en sa marche, commandée en d'éternelles trajectoires, Ariane solennelle, à peine souriante, accompagnée par quelle céleste musique, l'amour, l'amour en ses débuts.


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